La profession de pharmacien est souvent perçue comme un pilier du système de santé, offrant non seulement des médicaments, mais également des conseils précieux sur leur usage. Ce métier attire de nombreux étudiants en raison de la variété des opportunités offertes ainsi que des défis rencontrés au quotidien. Cet article explore les études nécessaires pour devenir pharmacien, les revenus associés, les possibilités d'évolution de carrière, les compétences requises et des témoignages d'hommes et de femmes exerçant cette profession stimulante.
Sommaire :
Description du métier
Le pharmacien est un professionnel de santé possédant une expertise globale en matière de médicaments. La formation en pharmacie ouvre l'accès à de nombreux domaines d'exercice : distribution, conseil et vente, milieu hospitalier, armée, corps des sapeurs-pompiers, enseignement, recherche, industrie pharmaceutique, biologie, instances de régulation et institutions spécialisées, etc.
En officine, le pharmacien délivre les médicaments prescrits par les médecins. Proche du public, il joue un rôle essentiel d’information, de conseil et de prévention. Il accompagne le patient dans la gestion de ses traitements et affections, vérifie l’absence d’interactions entre différents médicaments, et peut proposer des produits sans ordonnance ou des génériques. Il est également habilité à réaliser certaines préparations sur prescription.
Depuis quelques années, il est autorisé à conduire des entretiens thérapeutiques ciblés sur certaines pathologies et à mener des bilans partagés de médication, aidant ainsi le patient à mieux comprendre sa prise en charge médicamenteuse. Le pharmacien peut également procéder à la vaccination antigrippale ou contre la COVID-19. De plus, il est compétent pour conseiller et fournir du matériel médical adapté (fauteuil roulant, lit médicalisé) ou des dispositifs de maintien orthopédique (genouillères, ceintures lombaires, etc.). Par ailleurs, il gère sa comptabilité, administre ses stocks, et assure la liaison avec le tiers payant.
À l’hôpital, le pharmacien hospitalier est garant de la qualité et de la sécurité des médicaments, dispositifs médicaux et produits d’hygiène. Il analyse les prescriptions médicales afin d’éviter toute contre-indication et d’optimiser le traitement en fonction du dossier patient. Son champ d’action est varié : gestion des essais cliniques, accompagnement des patients dans l’introduction de nouveaux traitements, ou encore préparation de poches de chimiothérapie.
Dans un laboratoire d’analyses, le pharmacien biologiste ne se limite pas aux prélèvements, mais intervient surtout dans l’interprétation des résultats et le diagnostic de différentes pathologies.
Au sein de l’industrie pharmaceutique, le pharmacien peut exercer dans des domaines tels que la pharmacovigilance, la production, le marketing, l’assurance qualité, les affaires réglementaires, la cosmétique ou la recherche.
La distribution en gros est assurée par le pharmacien grossiste-répartiteur, qui approvisionne les officines et les pharmacies hospitalières. Situé à l’interface entre laboratoires et points de distribution, il définit et applique les procédures réglementaires et qualitatives, assure la traçabilité des produits, supervise les contrôles et gère les relations clients, ainsi que celles avec les autorités compétentes.
Dans la haute fonction publique, les pharmaciens inspecteurs de la santé publique élaborent les textes réglementaires encadrant la profession. Ils contrôlent également l’activité des fabricants de médicaments, des grossistes, des officines et des laboratoires. Leur recrutement, peu nombreux, s’effectue sur concours.
Des organismes publics tels que l’Inserm, l’Inrae, l’Institut Pasteur, l’IRD ou le CNRS intègrent quelques pharmaciens spécialisés en R&D pour mener des recherches de haut niveau. D’autres pharmaciens peuvent se tourner vers l’humanitaire, les services de secours (sapeurs-pompiers) ou l’assurance maladie.
Enfin, l’armée recrute également des pharmaciens militaires, soit par concours à l’École de santé des armées, soit sur titre. Leurs missions sont diverses : pharmacien hospitalier dans un établissement militaire, responsable de la logistique pharmaceutique, chercheur à l’Institut de recherche biomédicale des armées, pharmacien en toxicologie médicale, ou encore chef d’établissement au sein d’une direction centrale ou régionale.
Études pour devenir Pharmacien/ne
De l’accès aux études de santé aux premières années : PASS ou LAS
Les études de pharmacie commencent désormais par deux voies d’accès distinctes : le PASS (Parcours d’Accès Spécifique Santé) ou la LAS (Licence avec option “accès santé”). L’objectif est de proposer des cursus adaptés à des profils variés, tout en maintenant un niveau d’exigence élevé. La sélection reste donc très stricte, et l’étudiant doit fournir un investissement personnel important dès la première année. L’accès à la suite des études, en 2e année, suppose d’avoir validé 60 crédits ECTS, atteint des seuils de résultats minimum et réussi les unités d’enseignement à option santé, dans le cas des LAS. Les étudiants sont ensuite soumis à des épreuves d’admission, incluant écrit et oraux, pour continuer dans le domaine pharmaceutique.
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2e et 3e année : de la théorie à la pratique, vers le DFGSP
Durant les 2e et 3e années, également connues sous les noms de DFGSP 2 et DFGSP 3 (Diplôme de Formation Générale en Sciences Pharmaceutiques), l’étudiant consolide ses bases scientifiques et pharmaceutiques. Au programme : biologie cellulaire, biochimie, immunologie, pharmacologie, cycle de vie du médicament, sans oublier des enseignements en communication, informatique et gestes de premiers secours. Les travaux pratiques occupent une place grandissante, afin de mettre en œuvre les connaissances acquises. Un stage obligatoire en officine est prévu, ainsi que de courts séjours d’observation dans d’autres milieux professionnels. En fin de 3e année, l’obtention du DFGSP atteste d’un niveau équivalent à une licence (180 ECTS).
4e et 5e année : la spécialisation et l’expérience de terrain, vers le DFASP
La 4e année marque une étape clé. Après un tronc commun au premier semestre, l’étudiant s’engage dans la voie de son choix : officine, industrie ou préparation à l’internat (pour la pharmacie hospitalière ou la biologie médicale). Le programme couvre un large éventail : chimie, sciences du vivant (génétique, botanique, biologie végétale), santé publique (toxicologie, droit pharmaceutique), sémiologie (bactériologie, virologie) et sciences du médicament (pharmacocinétique, pharmacie galénique). Un stage de 7 à 15 jours est également prévu, afin d’approfondir un domaine spécifique (par exemple la cardiologie ou le système nerveux central).
La 5e année, appelée année hospitalo-universitaire (AHU), offre aux étudiants une immersion sur le terrain. Le matin, ils exercent en tant qu’externes dans un hôpital, tandis que l’après-midi est consacré aux cours à la faculté, selon la filière retenue. Cette immersion hospitalière permet de mettre en pratique les acquis et d’affiner ses compétences. En fin de 5e année, l’étudiant obtient le DFASP (Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Pharmaceutiques), de niveau master.
6e année : le cycle court vers l’officine ou l’industrie, et l’internat pour les spécialisations hospitalières
Après cinq années, deux voies s’offrent à l’étudiant. Le cycle court (6e année) mène directement à l’officine ou à l’industrie pharmaceutique, avec un stage professionnel et la soutenance d’une thèse d’exercice permettant d’obtenir le titre de docteur en pharmacie. Le futur pharmacien peut également poursuivre un cycle long grâce à l’internat, accessible sur concours, pour se spécialiser en pharmacie hospitalière ou en biologie médicale.
Ce parcours s’étend sur 4 à 5 années supplémentaires, alternant stages hospitaliers rémunérés et enseignements spécialisés. À la fin de ce cursus, l’étudiant valide son DES (Diplôme d’Études Spécialisées) en plus de son DE (Diplôme d’État) de docteur en pharmacie.
Voies complémentaires, formations supplémentaires et École de santé des armées
Pour ceux qui souhaitent évoluer dans l’industrie pharmaceutique, différentes formations complémentaires sont accessibles (masters spécialisés, diplômes d’ingénieur, écoles de commerce, droit de la santé, qualité des produits de santé…).
Par ailleurs, l’École de santé des armées (ESA) propose un recrutement sur concours annuel, accessible après le baccalauréat, offrant la possibilité de devenir pharmacien militaire. La formation est rémunérée et inclut une forte dimension militaire, en contrepartie d’un engagement de 16 ans minimum au service de l’armée.
Les compétences clés requises pour réussir en pharmacie
Exercer la profession de pharmacien nécessite un ensemble de compétences variées qui vont bien au-delà des connaissances scientifiques. Tout d'abord, les compétences interpersonnelles sont essentielles. Les pharmaciens doivent être capables de communiquer efficacement avec les patients, d'écouter leurs préoccupations et de leur fournir des conseils adaptés. Cette interaction humaine est d'autant plus importante dans un contexte où les patients recherchent des réponses claires et rassurantes concernant leur santé. La capacité à établir une relation de confiance avec les patients peut souvent influencer leur adhésion au traitement et leur compréhension des instructions médicales.
De plus, une approche analytique est cruciale pour évaluer et interpréter les prescriptions médicales. Le pharmacien doit être capable d'identifier d'éventuelles interactions médicamenteuses et de s'assurer que les traitements sont appropriés pour chaque patient. Cela implique non seulement une connaissance approfondie des médicaments, mais aussi une mise à jour continue sur les nouvelles recherches et les nouvelles thérapies. Les pharmaciens doivent également être en mesure de conseiller les médecins sur le choix de médicaments, ce qui nécessite une solide compréhension des protocoles de traitement et des effets secondaires potentiels.
Enfin, la capacité à travailler de manière autonome tout en étant un membre d'équipe est primordiale. Que ce soit en pharmacie d'officine ou en milieu hospitalier, le pharmacien doit collaborer étroitement avec d'autres professionnels de santé. Cette collaboration est essentielle pour assurer une approche multidisciplinaire des soins aux patients. Par exemple, dans un hôpital, le pharmacien peut participer à des réunions de cas cliniques où il apporte son expertise sur les médicaments, contribuant ainsi à des décisions thérapeutiques éclairées. De plus, la gestion des stocks et l'optimisation des processus de dispensation exigent également des compétences organisationnelles et de gestion du temps, permettant ainsi de garantir un service efficace et de qualité aux patients.
Évolution de carrière : passer du pharmacien au pharmacien hospitalier
En officine, un pharmacien assistant peut devenir associé et/ou approfondir sa spécialisation en obtenant un diplôme universitaire (DU). De nombreux DU existent, couvrant des champs aussi variés que l’orthopédie, la pédiatrie, la nutrition, la phytothérapie, la cancérologie ou encore le maintien à domicile des personnes âgées.
Un pharmacien biologiste, quant à lui, peut choisir de fonder ou de reprendre un laboratoire d’analyses médicales.
De son côté, un pharmacien grossiste-répartiteur peut évoluer vers des postes à responsabilités tels que responsable d’exploitation, directeur de site, responsable des achats ou des approvisionnements, responsable clientèle, directeur qualité ou encore chef de produit en laboratoire pharmaceutique.
Pour les autres métiers de pharmacien, les possibilités de promotion et d’évolution de carrière dépendent du contexte et du secteur d’activité dans lequel ils exercent.
Le salaire d'un/e Pharmacien/ne
La rémunération d’un pharmacien dépend grandement de son environnement professionnel :
En officine, elle varie selon la localisation et le chiffre d’affaires de la pharmacie, avec un salaire de départ d’environ 3 074 € brut par mois (source : convention nationale de la pharmacie d’officine).
Dans la fonction publique hospitalière, le salaire se situe entre 4 565 € et 9 229 € brut mensuel (source : emploi-collectivites.fr).
Au sein des sapeurs-pompiers, il oscille entre 2 235 € et 3 841 € brut par mois (source : emploi-collectivites.fr).
Pour un inspecteur de santé publique, la rémunération commence autour de 2 269 € brut mensuel.
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Témoignages de pharmaciens : parcours et expériences
Témoignage n°1 : Sara, pharmacienne d’officine depuis 2 ans
Q : Quelles difficultés as-tu rencontrées au cours de tes études de pharmacie ?
R : Les premières années ont été un véritable défi. Le volume de connaissances à assimiler était énorme, et la pression était très forte en raison de la sélection en PASS/L.AS puis de l’importance des résultats pour passer en année supérieure. De plus, j’ai dû adapter mes méthodes de travail : ce n’était plus seulement de la mémorisation, mais aussi de la compréhension et de l’application concrète, notamment durant les travaux pratiques.
Q : Quel conseil donnerais-tu aux étudiants qui commencent ?
R : Je leur dirais de ne pas rester isolés. Travailler en groupe peut aider à mieux comprendre certains chapitres, à s’entraider et à se soutenir moralement. Il est aussi important de trouver un équilibre entre études et temps personnel, afin d’éviter l’épuisement. Enfin, ne pas hésiter à solliciter les enseignants lors des permanences ou les tuteurs étudiants : leurs conseils sont précieux pour progresser.
Témoignage n°2 : Matthieu, interne en biologie médicale
Q : Comment as-tu vécu les années de préparation à l’internat ?
R : C’était une période intense. La quantité d’informations à maîtriser était considérable et la compétition pour obtenir un bon classement mettait une réelle pression. Mais c’était aussi stimulant : on sentait qu’on montait en compétences, et qu’on développait une vraie expertise. La difficulté était de gérer à la fois les cours, les stages et la préparation au concours.
Q : Que recommandes-tu aux étudiants qui visent l’internat ?
R : Je leur conseille de commencer à réviser tôt et de s’organiser dès le début. Avoir un planning détaillé, se fixer des objectifs réguliers, et surtout, savoir se ménager des moments de pause pour garder la tête froide. C’est aussi essentiel de se tenir informé des actualités scientifiques, de participer à des conférences ou des séminaires, et de solliciter des internes déjà en poste pour bénéficier de leur retour d’expérience.
Témoignage n°3 : Amélie, pharmacienne en industrie pharmaceutique
Q : Quels ont été les plus grands défis de tes études de pharmacie en vue de l’industrie ?
R : Le principal défi a été d’élargir mes connaissances au-delà de l’officine. Au départ, les études sont très centrées sur la biologie, la pharmacologie, la chimie, mais lorsqu’on s’oriente vers l’industrie, il faut penser réglementations, management, gestion de projet, et parfois marketing. Obtenir cette vision plus globale n’est pas toujours évident, et il faut souvent suivre des formations complémentaires ou des stages spécifiques.
Q : Quels conseils donnerais-tu aux futurs pharmaciens qui souhaitent travailler en industrie ?
R : Je leur dirais de saisir toutes les opportunités de stages, même courts, pour découvrir les coulisses de ce secteur. C’est en voyant concrètement ce qu’il se passe en laboratoire, en assurance qualité ou en affaires réglementaires qu’on comprend où on veut aller. Par ailleurs, développer des compétences transversales — bonnes capacités de communication, sens de l’organisation, maîtrise de l’anglais — est incontournable. Enfin, rester curieux, suivre l’actualité pharmaceutique et s’informer régulièrement sur les évolutions réglementaires sont autant de clés pour réussir.